Pour que Roseraie ne meurt

Comment disparaissent les Roseraies ?

La collection de roses, de la Malmaison, créée en 1804 pour l’impératrice Joséphine ne lui a pas survécu. Après son décès en 1814, la collection (2000 rosiers dont environ 200 variétés venues du monde entier) est échangée par son rosiériste André Dupont contre une rente versée par la chambre des pairs (le sénat actuel).

Cette chambre avait recruté Julien-Alexandre Hardy en 1816 comme premier garçon jardinier au jardin de la chambre des pairs où il a découvert les roses de la Malmaison et pendant toute sa carrière comme jardinier en chef(1817-1859), il les a soignées, multipliées avec soin dans la roseraie du Luxembourg. Il est le créateur de la célèbre rose Madame Hardy.

Les travaux d’urbanisation à marche forcée du préfet-Baron Haussmann pendant le second empire en ont balayé une importante partie et Julien-Alexandre Hardy a assisté à ce désastre. Lors de la percée des grands boulevards Saint Michel et Vaugirard, les parisiens ont fait une pétition de 12 000 signatures contre le lotissement du jardin botanique et de la pépinière très ancienne des chartreux (1650).

Maupassant donne de la pépinière une description qui justifie l’indignation de la population :

 » C’était comme un jardin oublié de l’autre siècle, un jardin joli comme un doux sourire de vieille. Des haies touffues séparaient les allées étroites et régulières, allées calmes entre deux murs de feuillages taillés avec méthode. Les grands ciseaux du jardinier alignaient sans relâche les cloisons de branches ; de place en place on rencontrait des parterres de fleurs, des plates-bandes de petits arbres rangés comme des collégiens en promenade, des sociétés de rosiers magnifiques et des régiments d’arbres à fruits. »

La pépinière était aussi la plus ancienne et importante collection d’arbres fruitiers de France et d’Europe. Elle représentait un  fleuron agricole français de tout premier plan et un savoir-faire séculaire.

Mais c’était à l’époque de Napoléon III et la France n’était ni une démocratie ni une république. C’était un empire autoproclamé à la suite d’un coup d’état.  Le souverain  ébloui par d’autres intérêts n’avait aucune conscience de la richesse de ce patrimoine horticole inestimable.

Les plus illustres auteurs du 19 ème siècle (Hugo, Maupassant, Zola, Balzac,…) par leur sensibilité ont su rendre compte de la grossièreté de l’affairisme de cette époque. Le roman d’Emile Zola, La curée décrit la société sans vergogne d’alors  et le dépeçage de Paris par les spéculateurs.

C’est ainsi que disparurent nombre de lieu d’intérêt historique comme le marché des Innocents ou l’église Saint-Benoît-le-Bétourné. Sans prendre conscience du patrimoine national, des voies rectilignes étaient tracées et des immeubles uniformes construits.

La protection des monuments historiques n’existait pas, ni la loi de 1913, ni la loi Malraux et aucune des lois modernes concernant le périmètre et la protection des abords des monuments historiques. C’était la jungle !

Désormais en 2019, chacun et à tous les niveaux doit prendre conscience , de la nécessité de protéger les monuments historiques si fragiles et leurs abords (qui participent à l’ambiance et à la qualité d’un lieu) et s’apercevoir enfin des dégâts irréversibles de l’artificialisation excessive des sols, de l’urgence de la préservation de la biodiversité et de la qualité écologique et paysagère du territoire.

« Entendu au sens de la Convention de Florence, le terme « paysage » désigne « une partie de territoire telle que perçue par les populations, dont le caractère résulte de l’action de facteurs naturels et/ou humains et de leurs interrelations ». Ainsi, « prendre en compte les paysages » signifie tenir compte des significations et des valeurs attachées à cette partie de territoire et partagées par une population.

https://www.cohesion-territoires.gouv.fr/le-paysage-dans-les-documents-durbanisme

La pétition nationale pour la préservation de l’écosystème de la Roseraie de l’Hay a reçu près de 16 000 signatures, il est grand temps d’écouter la population et de comprendre l’intérêt de conserver l’écosystème de la Roseraie pour que puisse s’épanouir et se développer à nouveau la plus belle collection horticole de roses de France dans un paysage sauvegardé :

https://www.mesopinions.com/petition/nature-environnement/roseraie-hay-roses-danger/53347

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