Pour comprendre l’œuvre du paysagiste Edouard André, on peut lire son ouvrage de référence de « l’Art des Jardins – Traité général des parcs et jardins » publié en 1879. Dans cet ouvrage, Edouard André explique comment il s’appuie sur la nature environnante pour mettre en perspective son œuvre. Tout comme pour les architectes, l’art du paysage comprends plusieurs plans et perspectives.
Au 19ème siècle, « les parcs sont conçus pour mettre en scène le spectacle de la campagne environnante, les vues sont ménagées, les arbres forment des « coulisses » pour mettre en valeur les premiers plans et reculer les derniers (André, 1879). » Dans son livre, Edouard André explique comment élaborer plusieurs plans d’arbres avec des essences différentes qu’il cite et comment empêcher le paysage urbain de pénétrer ses œuvres.
Sa vision est celle d’une nature « arrangée à la française » qui s’ouvre sur un paysage plus naturel et sauvage (et pas sur la ville et des immeubles de 15m).
Il définit son style composite ou mixte, style de l’avenir à ses yeux, comme résultant d’un judicieux mélange du style régulier, appelé communément style français et du style paysager.
« C’est de l’union intime de l’Art et de la Nature, de l’Architecture et du Paysage que naîtront les meilleures compositions de jardins ».
1 ) en Page 136
Si des objets élevés, malgré qu’ils n’offrent pas en eux-mêmes une beauté marquée sont néanmoins d’un effet pittoresque dans le paysage, comme clochers, tours, phares, ruines, sommets de montagnes, on augmentera leur éloignement et en même temps leur effet en dirigeant la vue sur eux, à travers le feuillage, par des percées étroites et habilement dirigées […]. Un résultat analogue, mais plus frappant encore, sera obtenu, si l’on encadre ces objets dans une ouverture de forme architecturale, dont le profil vigoureux fait l’office du cadre d’une peinture. Je citerai deux exemples de cette disposition : l’un dans le parc de Brooklyn, près New-York, où un autre coin de paysage vu dans le cadre circulaire de l’arche d’un pont donne la plus charmante scène et produit une illusion d’éloignement considérable ; […] ».
Donc ce que nous avions remarqué ici : http://betonatort.fr/index.php/perspective-de-la-roseraie/photo 5 est bel est bien voulu par l’artiste et fait partie de sa composition. En obturer la vue endommagerait l’œuvre classée aux monuments historiques.
Aout 2017 Pentecôte 2019
2) En page 341
« Je dois exprimer mon sentiment sur le respect dû aux beaux et vieux arbres et prendre leur défense devant les gens qui ne résistent pas à la tentation de les abattre sans nécessité absolue. Les arbres doivent être conservés dès qu’il y a doute sur l’opportunité de les supprimer. C’est à l’artiste à faire pour eux des sacrifices, à modifier ses plans, à tirer profit de leurs formes nobles,grandioses, tourmentées ou pittoresques ».
Edouard André avait conservé les cyprès-chauves, Taxodium distichum, ou encore un majestueux hêtre pourpre, Fagus atropurpurea, ou encore un frêne pleureur, Fraxinus excelsior, var. pendula, qu’il avait intégrés dans le dessin des parterres, de même qu’il introduisit des plates-bandes fleuries et une véranda afin de satisfaire aux exigences de son temps ».
3) En page 421
Rosarium. — Une partie spéciale du jardin-fleuriste peut être consacrée à la culture du rosier. Les véritables amateurs de ce bel arbuste diront qu’un espace réservé lui est indispensable, et que les roses ne produisent tout leur effet ornemental que détachées sur un fond de verdure habilement préparé.